Légèreté et fluidité, c’est ce qu’évoquent les bijoux de Franziska Rappold. La créatrice vit dans le sud-ouest de l’Allemagne. Elle a su trouver, dans la technique de l’électroformage, un langage sobre et minimaliste qui fait son intemporalité. Au plus près du corps, des petites touches de lumière virevoltent.
Faux-semblants : la parure réinventée
Juliette Même transforme les objets du quotidien en parures d’exception. Son travail explore la notion de valeur à travers un jeu subtil entre forme et matière. Dans sa série « Faux-semblants », elle revisite les bijoux historiques représentés dans les portraits de reines et de princesses, en utilisant un matériau inattendu : la canette d’aluminium. Ce détournement interroge nos perceptions sur le luxe et la préciosité, tout en insufflant une nouvelle vie à ces objets anodins. (Par son intervention, elle élève une matière ordinaire au rang d’ornement noble, jouant sur l’illusion et la réalité pour provoquer un regard neuf sur ce qui nous entoure.)
Techniquement, Juliette Même emploie des savoir-faire issus de la bijouterie traditionnelle pour magnifier son matériau. Elle utilise le sertissage et la ciselure pour imiter les pierres précieuses et les ornements d’apparat. Chaque détail est minutieusement travaillé pour transformer l’aluminium en un élément de parure raffiné. Son aspect, poli et brillant, capte la lumière tout en conservant une légèreté remarquable, même pour des bijoux aux dimensions importantes.
Juliette Même est une artiste à la démarche engagée qui assume pleinement chaque étape de son processus créatif. Elle réalise elle-même ses bijoux, depuis la collecte des matériaux jusqu’à la confection de l’emballage. Rien n’est laissé au hasard : chaque pièce est accompagnée d’une carte explicative qui raconte l’histoire de l’objet et précise l’origine des matériaux.
Diplômée de la HEAR de Strasbourg en 2020, Juliette Même inscrit son travail dans une démarche de transformation et de questionnement des matériaux du quotidien. Sa série « Faux-semblants » prolonge ses recherches initiées avec « Krollection », une exploration autour des emballages de bière. Son approche s’inscrit dans une dynamique commune à d’autres artistes exposés à Hectare Galerie, notamment dans « Matières cueillies », une exposition qui mettait en avant des créateurs transformant des matières usuelles en objets précieux. Son travail continue d’évoluer, portant un regard critique et poétique sur la notion de parure et d’apparence.
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Le geste autour du bijou
Le geste autour du bijou est au cœur des créations d’Annie Sibert. Artiste joaillière française, elle explore la relation intime entre le corps, le mouvement et l’objet. Ses pièces interrogent l’acte de porter, d’enlever, de poser et de réutiliser un bijou. Avec des séries comme I’ve got you et Aerolite, elle sublime des objets du quotidien en les transformant en œuvres d’art. Une simple bande élastique devient une parure évocatrice, tandis que des anneaux massifs incitent à une attention particulière au poids et à la texture. Porter un bijou de Sibert transcende l’ornementation : c’est une expérience singulière.
Ses bijoux se caractérisent par une approche expérimentale. Annie Sibert mêle des techniques traditionnelles et des procédés innovants pour révéler des formes inédites. Dans Aerolite, elle travaille le métal avec un tour à métaux, dévoilant des motifs aléatoires issus d’accidents et de variations dans les matériaux. Les résultats sont uniques, alliant puissance visuelle et interaction tactile. Les élastiques de la série I’ve got you, moulés et reconfigurés, conservent leur symbolique lié au geste tout en devenant des œuvres précieuses. Ces créations invitent à repenser le bijou comme un dialogue entre l’objet et le porteur.
Annie Sibert a étudié le design et l’art de l’objet à la Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg, où elle a obtenu un master en 2009 avec les félicitations du jury. Son parcours inclut un échange Erasmus à Genève et plusieurs résidences artistiques en France et à l’étranger. Elle enseigne également le design bijou à la HEAR de Strasbourg.
Nous avons eu le plaisir d’exposer ses créations lors de l’exposition Boîte avec couvercle en 2021, un événement qui explorait la relation entre le bijou et son réceptacle.
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Les bijoux de Yoko Takiraï et de Pietro Pellitteri, établis à Florence, en Italie, se déclinent en lignes et formes géométriques, bleu, rouge ou or. Les designers articulent leur langage plastique en combinant acier et métaux précieux où le corps devient support d’une architecture minimaliste.
Créatrice incontournable dans le monde de la bijouterie et tant de fois copiée, Angela Hübel, nous offre de véritables petites sculptures dont la main devient socle. Elle explore l’anatomie pour bouleverser, retourner nos habitudes et nous surprendre. De ses bagues, une force se dégage, à la mesure de l’émotion qu’elles suscitent.
La matière céramique transformée en objets précieux
Les bijoux de Julie Decubber subliment la matière en métamorphosant des objets du quotidien en pièces uniques et précieuses. Son travail débute par une fascination pour la céramique, notamment la vaisselle ancienne, qu’elle glane lors de ses voyages ou dans son environnement quotidien. Cette matière, témoin d’un temps passé et des vies qu’elle a traversées, devient sous ses mains une mémoire réinventée. À travers ses créations, Julie Decubber redonne à la céramique une place sacrée, en faisant dialoguer techniques traditionnelles et vision contemporaine.
Installée dans la Drôme, Julie travaille la matière céramique avec une approche artisanale singulière. En appliquant les gestes du lapidaire, du céramiste et du bijoutier, elle façonne des bijoux empreints d’une poésie unique. Chaque pièce, issue de fragments d’objets existants, incarne un dialogue entre passé et présent. Ce processus de transformation permet de révéler la beauté cachée de matériaux oubliés, leur conférant une seconde vie sous une forme inattendue. La vaisselle ancienne, en particulier, est au cœur de ses créations, où elle se pare de nouvelles textures, couleurs et éclats.
Julie Decubber a développé son intérêt pour le bijou lors de voyages en Amérique latine, au Maroc et en Europe. Son apprentissage auprès du bijoutier-maître d’art Gilles Jonemann lui a permis d’affiner son approche du bijou comme objet précieux. Inspirée par ses expériences nomades et sa passion pour les objets chargés d’histoire, elle transforme des matériaux non précieux en véritables trésors. Ses bijoux racontent des histoires et suscitent une réflexion sur le temps, la mémoire et les liens entre cultures.
Lors de son exposition Matières cueillies, la galerie Hectare a eu le plaisir de présenter les œuvres de Julie Decubber. À travers ses créations, elle a exploré les notions de mémoire et de transformation, mêlant poésie et finesse technique. Ses bijoux ont captivé les visiteurs par leur capacité à réinventer l’ancien et à proposer des perspectives nouvelles, entre souvenirs et utopies.
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ou l’abstraction en micro-mosaïque
Les bijoux d’Isabelle Carpentier expriment l’abstraction en micro-mosaïque, où le verre filé, façonné avec précision, semble prêt à s’échapper de sa structure. Les fragments colorés, brillants et chatoyants, capturent la lumière avec une vibration subtile, tels des paysages traversés par le vent. Les pièces, aux formes organiques rappellent des galets polis par le temps, où chaque reflet crée un nouvel éclat. L’assemblage minutieux de matières brutes et précieuses donnent naissance à des pièces sensibles et poétiques.
Isabelle Carpentier, tel un orfèvre, applique à ses créations les gestes précis de la micro-mosaïque. Les baguettes de verre sont d’abord limées puis cassées afin d’obtenir des fragments colorés de tailles variées, constituant une palette chromatique riche et nuancée. Les tesselles sont ensuite soigneusement agencées pour donner naissance à l’œuvre finale. Le contraste entre le brillant du verre et la matité du joint, ponctué d’éclats de feuille d’or ou d’argent, crée des bijoux harmonieux et singulier aux camaïeux de couleurs foisonnants.
Basée à Bruxelles, Isabelle Carpentier est également enseignante en arts plastiques et mosaïque depuis 1995. Son parcours est riche et varié : elle a étudié la bijouterie, l’émaillage et la fonte à Bruxelles, suivi des formations en mosaïque contemporaine et restauration du patrimoine en Belgique, en France et en Italie. Ses créations, exposées en Belgique et à l’international, témoignent de son approche particulière, qui réinvente les codes traditionnels pour offrir un souffle nouveau à l’art du bijou en micro-mosaïque.
Isabelle fait parti de nos artistes bruxellois, tout comme Claire Lavendhomme, Anne Goy ou Jacqueline Lecarme.
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Ou encore une interview de celle-ci
Pascale Lion, ou la grâce et l’élégance de la côte de maille revisitée. Jeux de tons irisés sur texture d’acier, de cuivre ou de titane. La lumière sublime la matière, le bijou attire le regard, invite au toucher, surprend.
Anne Goy, créatrice bruxelloise, jette un pont entre des univers fort éloignés. Designer du livre et du papier, elle s’est intéressée au bijou en y transposant sa technique et ses recherches plastiques. Dans son travail, la couleur jouxte des cuirs de grande qualité, s’insère dans des colliers en papier polyester ou disparait. Autant de matières surprenantes détournées et une grande maîtrise d’un art qu’elle enseigne.
Claudia Hoppe est designer. Elle vit et travaille à Düsseldorf. Ses bijoux rappellent l’architecture de nos grandes métropoles. Elle part des propriétés techniques des métaux nobles pour donner corps à ses créations. Des bracelets sans fermoir mais non sans émotion accompagne le mouvement au quotidien.