Pour sa nouvelle exposition, la galerie Hectare convoque six créatrices aux profils divers, six glaneuses, chacune à sa manière. Qui interrogent, détournent, remodèlent les matières, réécrivent l’histoire qui les habite.
À travers le travail de Charlotte Van de Velde, Isabelle Azaïs, Julie Decubber, Juliette Même, Ognyana Teneva et Xinyi Chen, c’est de mémoire qu’il est question. D’avenir aussi. D’abandon et de transformation, de mue, sinon d’alchimie.
Fermoirs anciens agencés en bracelet contemporain ; tessons, fèves ou santons de céramique ressuscités en ribambelles : l’idée de collection s’encanaille et élargit sa définition. Surfaces iridescentes assemblées en créatures mutantes ; parures éblouissantes jaillies d’un presque rien ; filaments de flacons noués en dentelle : l’ancien se réinvente, entre modèles de jadis et structures du futur. Composants électroniques sertis d’argent recyclé et teinté : le principe du joyau, repensé, entre dans une ère neuve.
Six démarches singulières, minutieuses, audacieuses, qui ouvrent de nouveaux champs sémantiques, manient le curseur sur l’axe passé/déclassé – futur/recomposé. Un dialogue s’installe, savoureusement subtil, parmi ces identités multiples, à l’écoute de l’inédit.
L’humour souvent s’invite dans ces aventures créatives, empreintes cependant de la conscience d’un présent qui vacille. Tantôt pied-de-nez aux préjugés et références à la « valeur », tantôt invitation à se raconter des histoires faites de souvenirs ou d’utopies, les œuvres des six artistes regroupées par Hectare sous la bannière de Matières cueillies offrent à nos sens un travail d’ennoblissement où la finesse technique se pique de poésie, dans des pièces imbibées de leurs personnalités plurielles, entre extravagance, rigueur et légèreté.
